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De la chance d’être en voyage

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- 24 juillet 2018

J’ai remarqué qu’à chaque fois qu’on me disait « T’as de la chance de partir. » je trouvais ça un peu vexant excessivement énervant, alors j’ai essayé de comprendre pourquoi.
Et j’ai laisse Larousse.fr éclairer ma lanterne de sa définition de la chance : Faveur du sort. Voilà donc ce qui me mettrait en rogne.

 

 

Ce voyage serait arrivé dans ma vie comme un cheveu sur de la soupe, grâce à un malicieux coup du destin ! Je comprends pourquoi ça m’agace maintenant.
Le mystère est résolu. On peut arrêter l’article ici.

 


Mais, j’ai bien envie de m’étaler un peu et d’expliquer l’agaçant de ces propos en réfléchissant à la place de la chance dans tout ça. Je vais parler de voyage, mais ça marche aussi avec entreprendre, faire du sport, apprendre des trucs… tout ce qui relève de la décision et de l’investissement personnel.

 

Où donc se place la chance dans cette affaire ?

 

Attention, le premier point va avoir une allure un peu patriote.

L’allure patriote.

 

Ma chance, c’est d’être née en France. Même si y on râle beaucoup, on n’y est pas trop à plaindre. Et je m’en rends compte d’avantage maintenant que je n’y suis pas.

L’école, la culture, les droits, l’accès aux soins,  le RSA, le niveau de vie, le petit passeport qui passe tranquille partout sans visa…  globalement on n’est pas trop mal par rapport aux autres. Et il faut bien se rendre compte que la « chance de voyager », elle existe surtout grâce à tout ça.
Ici (au Mexique), l’école publique n’enseigne pas l’anglais, tout le monde ne sait pas toujours lire ou compter. Pour réussir, il faut payer, point. Alors finalement, on s’en sort relativement bien.

 

 

GIF de qualité

Autre point important :
Nous avons le pain, le fromage, l’humour français et tout le monde dit qu’on est sexy. Et c’est pas négligeable !

 

 

Et si la France fait rêver partout dans le monde, peu sont ceux qui pourront y aller un jour. Pour nous, veinards occidentaux, voyager à l’étranger, c’est quelque chose d’assez commun. Mais au Mexique (pour ne parler que de ce que je connais), rares sont ceux qui pourront un jour s’offrir ce luxe, encore moins en Europe. La plupart des mexicains que je rencontre n’en auront probablement jamais les moyens. Même sans avoir de grandes difficultés financières, ce serait un énorme investissement. (Et je t’épargne tous les exemples de pauvreté à base d’enfants qui font la manche et compagnie).


Je suis loiiiiin de rouler sur l’or en France, mais ici je me sens comme une bourgeoise qui s’ignore. Donc ça me paraît important de se rendre compte et de se rappeler que la France, c’est une vraie chance (qui frôle l’injustice).

 

La France. Voilà, selon moi, où se situe vraiment ma (notre) plus grande chance ! Voyager, tenter de vivre nos rêves, c’est un luxe qu’on peut bien plus facilement atteindre dans les pays occidentaux. Et c’est important de ne pas l’oublier.

 

Le second point. Plus conventionnel.

 

J’ai une santé robuste, l’œil vif et le poil brillant. C’est vrai que c’est aussi une chance. Cependant, la situation peut très vite s’inverser, en deux tacos.

 

Et évidemment, la plus jolie des chances, c’est la famille et les amis qui sont là pour m’aider et m’encourager. Et j’avoue qu’à ce niveau là, je suis plutôt gâtée. D’ailleurs ils me manquent fort, les bougres.
#coeuraveclesdoigts

 

 

Petite Méditerranée, tu me manques.

Et pour tout le reste, il faut de la préparation…

 

Et la suite, j’en suis l’unique responsable.
Ma chance d’être au bout du monde, je ne la dois qu’à moi.
Bien loin du pays magique de la chance, les choix se font avec tous les avantages, inconvénients et sacrifices qu’ils impliquent.


N.B : Et pendant qu’on y est, ça marche aussi avec le travail. Donc à tous les « T’as de la chance de pouvoir bosser de chez toi ! », il faut savoir qu’être freelance est aussi mon choix et qu’il implique  pas mal de risques et d’inconvénients.

 

Grâce et volupté dans les eaux d’Holbox (Mexique).

 

Comme pour toute les décisions importantes, pour les mettre en place, il faut s’attendre à faire quelques sacrifices, renoncer à certaines choses et en préparer d’autres.
Faire des économies, quitter ses proches pour plusieurs mois, trouver une assurance, acheter les billets d’avion (juste en dessous de « déclarer ses revenus » sur l’échelle de la chianteur) et plein d’autres trucs pénibles… ça demande un peu plus d’investissement que d’attendre la chance.
Et puis aussi, ça fait un peu l’effet de sauter dans le vide. Quand on me parlait de « chance », moi j’avais surtout peur de partir seule dans un pays dont je ne parle pas la langue et où la bouffe est hyper épicée !
(Et où, accessoirement, tout le monde me garantissait prison, vols d’organes et mort atroce dans les cartels de la drogue.)

 

Bref, on n’est pas sur une démarche qui se fait en attendant un coup du destin, il faut quand même un peu s’agiter.

 

… et des ressources intérieures insoupçonnées

 

Pour voyager longtemps, il faut être astucieux et rusé, revoir son confort et ses normes d’hygiène à la baisse (ainsi que toute notion de style). Alors si toi aussi tu veux voyager, prépare toi parce que ce n’est pas que du glamour et on est loin du rêve 5 étoiles qu’on imagine quand on parle de voyages.

Confort d’un Workaway dans la jungle

Dormir en auberges de jeunesse, Workaway, Wwoofing, CouchSurfing (un peu de tout pour ma part), avoir des voisins qui ronflent, se laver dans des douches communes, manger des petits dej’ souvent mauvais, redouter les puces de lit, se déplacer en bus pendant de looooongs trajets, chercher des trucs dans son sac 3h par jour… ça fait pas mal de points d’inconfort et d’incertitude !
C’est aussi une logistique de chaque instant : changer ses plans, faire et défaire son sac, chercher où dormir la nuit suivante, le prochain bus… c’est souvent pénible.

 

Backpack & ingéniosité

 

Pour ma part, j’ai aussi du apprendre à être seule et à me rendre compte que mes décisions ici ne dépendent QUE de moi et n’impliquent QUE moi. Ne pas faire de choix contraints par un travail, un conjoint, des amis… être entièrement responsable de ce que JE décide.
Je crois que ça ne m’était jamais arrivé en France, sinon je serai partie beaucoup plus tôt.
Et si maintenant je trouve cette idée tout à fait revigorante, au début, elle était plutôt angoissante. Comme être dans un espace vide sans rien pour me pousser dans une direction plutôt qu’une autre.
Mais je crois que c’est ça la liberté ? Et loin d’être une chance, cette liberté n’est rien de plus que d’être maître de ses choix. Et c’est comme le whisky (ou le mezcal), il faut apprendre à l’apprécier !

 

Contemplation du site de Monte Alban, à Oaxaca (Mexique) avec un air conquérant.

On a la chance d’être né du bon côté de la planète et d’avoir la possibilité de suivre nos choix beaucoup plus facilement qu’ailleurs.


Donc à toute personne qui t’annonce « je vais partir / changer de vie / apprendre ça », tu peux répondre que c’est courageux, un joli projet, une sacrée aventure ou même une idée stupide. Ce que tu veux. Mais pas « T’as de la chance. ». Parce que c’est tout sauf de la chance.
Et toi-même, n’attends ni la chance, ni le bon moment, ni personne, et va vers ce qui t’anime le plus, et tant pis si tu dois y aller seul.e. !

 

Auteur.e : Laura

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Commentaires

Commentaires (1)

  1. Rhooooo c’est tellement bien résumé !
    Un très joli article sur lequel je te rejoins.

    Et pour ceux qui ont l’audace de quitter la France pour vivre dans un autre pays : « nous ne partons pas forcément au Paradis ! » nous faisons simplement le « CHOIX » de vivre dans une autre culture avec un rythme différent. Mais je rassure les lecteurs : nous mangeons, dormons et … comme si nous étions en France 🙂

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